SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 
 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ETDES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES AU BURUNDI

20 mars 1998


1.VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Burundi en février 1998 pour faire le bilan de la production de la première campagne 1998 (1998A), prévoir la production de la deuxième et de la troisième campagne (1998B et C) et évaluer les besoins d'importations et d'aide alimentaire du pays pour 1998. La mission a eu des entretiens avec des fonctionnaires burundais et des représentants des organisations des Nations Unies et d'autres organismes et s'est rendue dans toutes les provinces du pays. En prévision de la mission, une enquête préliminaire avait été réalisée par deux consultants burundais dans douze provinces, là où les conditions de sécurité le permettaient.

La mission a constaté une amélioration des conditions de sécurité, ce qui a permis à une partie des personnes dans les camps de regroupement et les camps de personnes déplacées de regagner leurs exploitations agricoles au cours du deuxième semestre 1997. Le nombre de personnes vivant dans des camps a donc chuté de 14 pour cent entre juin 1997 et janvier 1998 (de 665 374 à 572 462, soit 9 pour cent de la population totale en février 1998). Ce mouvement interne de population, conjugué au rapatriement des populations qui s'étaient réfugiées à l'étranger, a entraîné une augmentation des superficies ensemencées pour la campagne 1998A.

La première campagne 1998 a débuté dans des conditions climatiques défavorables, soit une période de sécheresse prolongée. Dans la majeure partie du pays, les pluies sont arrivées avec un mois de retard (mi-octobre) et ont été anormalement abondantes, au point de provoquer des inondations dans les terres marécageuses et de fortes infestations de ravageurs pour certaines cultures, dont les rendements ont été diminués.

La mission prévoit une production alimentaire totale de 1 142 000 tonnes pour la campagne 1998A, soit une baisse de 2 pour cent par rapport à la campagne 1997A, déjà inférieure à la moyenne. Ce sont les légumineuses et les céréales qui ont accusé les baisses les plus marquées (16 et 13 pour cent respectivement). La production de la première campagne 1998 est de 20 pour cent inférieure à la moyenne de la production de la campagne A pour la période 1988-1993.

A un stade aussi préliminaire, il est difficile d'établir un pronostic précis pour les campagnes 1998B et C. Toutefois, si l'on tient compte d'une part de l'augmentation des superficies ensemencées et d'autre part de la baisse probable des rendements due aux pénuries d'engrais et de semences de qualité, la production de la campagne 1998B devrait, selon les projections, demeurer au même niveau que l'an dernier. Par contre, si les conditions météorologiques sont normales, la production de la campagne 1998C devrait être nettement en hausse par rapport à la très faible production de la campagne 1997C, en partie détruite par des inondations au moment de la récolte.

En conséquence, la mission prévoit à titre provisoire une production vivrière totale pour 1998 de 3 587 000 tonnes, contre l’estimation révisée de 3 183 000 tonnes en 1997, soit une hausse de 13 pour cent. Toutefois, ce niveau de production serait encore de 9 pour cent inférieur à la moyenne 1988-1993.

Avec une population estimée à la mi-1998 à 6 283 700 habitants et une consommation apparente par habitant calculée en fonction de la diminution des quantités disponibles entre 1994 et 1996, les estimations situent les besoins d'importations alimentaires à 139 000 tonnes d'équivalent céréales. Les importations commerciales sont estimées à environ 54 000 tonnes, ce qui laisse un déficit de 85 000 tonnes de céréales et de légumineuses. Les besoins d'aide alimentaire d'urgence pour les groupes de la population les plus durement touchés en 1998 sont estimés à quelque 60 000 tonnes de céréales et de légumineuses, pour un déficit non couvert de l'ordre de 25 000 tonnes.

Les sorties de quantités non déterminées de denrées alimentaires vers les pays voisins (notamment le Rwanda) ainsi que la perte d'une part importante des récoltes de la campagne 1997C en raison des inondations ont exercé une forte pression sur les disponibilités alimentaires. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté depuis le deuxième semestre 1997 jusqu'à la fin de janvier 1998, puis ils ont amorcé un mouvement à la baisse avec le début de la récolte de haricots. Toutefois, ils demeurent plus élevés qu'au cours de la même période de l'année précédente en raison de la diminution de la production de la campagne actuelle. Ces prix élevés limiteront encore l'accès aux produits vivriers de vastes segments de la population ne disposant de ressources suffisantes et dont la situation nutritionnelle et l'état de santé se détérioreront au cours des prochains mois.



2.LA SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE

La situation socio-économique du Burundi est encore conditionnée par l'instabilité qui règne dans certaines régions du pays et par des difficultés économiques dues à l'embargo imposé par les pays voisins, même si cet embargo a récemment été assoupli.

Bien qu'encore précaires dans certaines régions du pays, les conditions de sécurité se sont nettement améliorées pendant la campagne 1998A, actuellement en cours, ce qui a permis aux autorités de fermer un certain nombre de camps de regroupement dans les provinces de Bubanza, Muramvya et Karuzi. Les populations sont rentrées dans leurs fermes et la plupart ont pu, avec l'aide des organisations humanitaires, cultiver leurs champs pour la campagne 1998A. Le nombre de personnes vivant dans des camps a diminué de 14 pour cent depuis juin 1997. Toutefois, sur une population totale estimée à 6 200 000 habitants en janvier 1998, 572 462 personnes déplacées - soit 9 pour cent du total - vivent encore dans 250 camps. Le tableau 1 ci-dessous donne la ventilation de cette population par province.
 

Tableau 1 - Burundi: nombre estimé de personnes vivant dans des camps 1/
 
Province 
Population 
de la province
 
Nombre 
de camps
 
Population totale
dans les camps
 
% de la 
population totale
Bubanza  280 152  68  152 616  54
Bujumbura M.  311 037  12  20 206  6
Bujumbura R.  384 128  37 198  10
Bururi  438 811  64 426  15
Cankuzo  163 331  -
Cibitoké  366 129  15  79 329  22
Gitega  648 011  17  22 004  3
Karuzi  346 508  14  38 563  11
Kayanza  509 588  11  17 211  3
Kirundo  464 684  17  27 852  6
Makamba  264 103  23  36 100  14
Muramvya  505 679  20  28 505  6
Muyinga  442 832  25  26 636  6
Ngozi  555 696  11  17 195  3
Rutana  227 430  2 494  1
Ruyigi  291 881  2 127  1
TOTAL  6 200 000  250  572 462  9

Pour faire face au problème de resserrement relatif des approvisionnements, le Gouvernement a pris en janvier 1998 un certain nombre de mesures destinées à limiter les exportations, qui doivent aujourd'hui bénéficier d'une autorisation préalable. Pour combler le déficit alimentaire et garantir un meilleur accès aux vivres, les autorités ont également décidé de suspendre les droits de douane et les taxes sur les importations de riz, de maïs et de haricots et adopté un plan de redressement agricole qui durera jusqu'à l'an 2000, dans le but d'instaurer une sécurité alimentaire durable dans le pays.

S'agissant des autres secteurs, la production de cultures de rapport comme le café, le thé et le coton sera plus élevée que l'an dernier, les augmentations prévues étant de 35, 25 et 53 pour cent respectivement. Cette hausse de la production devrait se traduire par un apport de devises ainsi que par une augmentation des revenus agricoles.



 

3.PRODUCTION ALIMENTAIRE EN 1998

3.1 Production de la campagne 1998A

3.1.1.Superficie ensemencée

La campagne 1998A a été marquée par une augmentation considérable de la superficie ensemencée par rapport à la campagne 1997A, en raison du retour dans leurs foyers d'une partie des populations installées dans les camps. Le calme ayant été rétabli dans une partie importante du pays, quelque 100 000 personnes installées dans les camps de regroupement et 35 689 rapatriés, provenant pour la plupart de la Tanzanie, ont pu rentrer dans leurs foyers et recommencer à cultiver leurs champs. Même dans les provinces de Cibitoké, Bubanza et Bujumbura Rural, où les troubles persistent, la plupart des gens ont pu regagner leurs exploitations agricoles.

Toutefois, cette augmentation de la superficie ensemencée a été limitée en raison des problèmes d'approvisionnement en intrants et du retard d'un mois dans le début des pluies. Les dons de semences et de houes par les organisations humanitaires n'ont bénéficié qu'aux populations vivant dans les camps et ayant accès à des terres, qui ont pu effectuer les semis pour cette campagne. Les quantités distribuées pour la campagne 1998A ont été de 1 441 tonnes de semences de haricots, 1 433 kg de semences de légumes et 129 260 houes.

3.1.2.Rendements

La saison des pluies a commencé avec un mois de retard, à la mi-octobre au lieu du mois de septembre mais, pendant toute la saison, la pluviométrie a été largement supérieure à la normale dans toutes les régions du pays, sauf à Imbo et Mumirwa. C'est également à ces fortes pluies qu'est imputable la baisse des rendements enregistrée pour les récoltes de la campagne 1997C, effectuées en septembre/octobre. La production de cette campagne a été, d'après les estimations, nettement inférieure à la moyenne en raison des inondations qui se sont produites au moment des récoltes.

Sous l'effet conjugué des pluies anormalement abondantes et de la prolifération des maladies au cours de la campagne 1998A, certaines cultures ont accusé une baisse de rendement. La pénurie généralisée de pesticides due à l'embargo est venue aggraver la situation, notamment dans le cas des pommes de terre. Les récoltes de haricots, pommes de terre et maïs ont subi les baisses de rendements les plus nettes, tandis que les tubercules (manioc, patates douces et igname) et les bananes ont bénéficié de ces précipitations abondantes, également bénéfiques pour les régions de Bugesera et de Moso, qui avaient souffert d'une longue période de sécheresse au cours de la campagne 1997A.

3.1.3.Production de la campagne 1998A

Si les conditions de sécurité ont été plus favorables au cours de la campagne 1998A que pendant la campagne 1997A, les mauvaises conditions météorologiques ont fait obstacle à une augmentation de la production. La production vivrière totale accuse un recul de 2 pour cent par rapport aux estimations révisées pour la campagne 1997A et une diminution de 20 pour cent par rapport à la moyenne de la campagne A d'avant la crise (1988-1993). A l'exception des récoltes de racines et de tubercules, qui ont augmenté de 4 pour cent, toutes les autres récoltes étaient à la baisse: 16 pour cent pour les légumineuses, 13 pour cent pour les céréales et 1 pour cent pour les bananes.
 

Tableau 2 - Burundi: production vivrière estimative pour la campagne 1998A, par produit (mil. ton.)
 
Campagne 
Produit 
Moyenne 
1988-93 
1998 A  1997 A  % de variation 
/97A 
% de variation 
/88-93
Céréales  138  90  103  - 13  - 35
Légumineuses  181  87  104  - 16  - 52
Racines et tubercules  542  488  471  + 4  - 10
Bananes et plantains  569  477  482  - 1  - 16
TOTAL  1 430  1 142  1 160  - 2  - 20

3.2 Perspectives pour les campagnes 1998 B et C

La production de cultures vivrières de la campagne 1998B, pour lesquelles les semis sont en cours, dépendra des conditions de sécurité et des conditions météorologiques ainsi que de la disponibilité des intrants.

La campagne 1998B connaîtra une augmentation de la superficie ensemencée par suite du retour des populations des camps de réfugiés et de l'étranger. En revanche, les rendements risquent de subir le contrecoup d'une réduction des approvisionnements en engrais et en semences de qualité. Compte tenu de ces facteurs et en partant de l'hypothèse que les conditions de sécurité seront inchangées et que le climat sera favorable pendant la première moitié de l'année, la production de la campagne 1998B devrait être semblable à celle de la campagne 1997B (1 775 000 tonnes).

La production de la campagne C représente environ 17 pour cent de la production vivrière annuelle et fournit en général les semences pour la première campagne. Si les précipitations sont normales au cours de la campagne 1998C, la production devrait être en hausse par rapport au faible niveau de 1997, nettement inférieur à la moyenne d'avant la crise. La mission prévoit une production vivrière pour la campagne C d'environ 670 000 tonnes, soit 3 pour cent en-deçà de la normale.

3.3 Production vivrière totale pour 1998

Les prévisions provisoires situent la production vivrière totale pour 1998 à 3,59 millions de tonnes, soit 13 pour cent de plus que l'année précédent et encore 9 pour cent de moins que la moyenne 1988-1993. Ce sont les légumineuses (notamment les haricots) et les céréales qui accuseront les chutes les plus marquées - 27 et 10 pour cent respectivement par rapport à la moyenne 1988-1993 - en raison des pluies torrentielles au cours de la campagne A et de la pénurie d'intrants pour la campagne B. En revanche, les bananes et les tubercules ont bénéficié des soins apportés par les populations de retour sur leurs terres ainsi que des fortes pluies de la campagne A.
 
Tableau 3 - Burundi: production vivrière 1998, par campagne et type de produit (en mill. de tonnes)
 
Campagne 
Produit 
Production 
moyenne
1988 - 1993
 
Prod. 1997  Production 
1998
 
Prod. 98 
en % de la
 
moyenne
88 - 93
 
Prod. 98
en %
 
de 1997
98A  98B*  98C*  Total 
Céréales  322  292  90  183  18  291  90  100
Légumineuses  404  298  87  186  23  296  73  99
Racines et tubercules  1 510  1 296  488  744  227  1 459  97  113
Bananes et plantains  1 707  1 297  477  662  402  1 541  90  119
TOTAL  3 943  3 183  1 142  1 775  670  3 587  91  113
 
Tableau 4 - Production vivrière de la campagne 1998A (en tonnes)
 
Cibitoké  Bubanza  Kayanza  Ngozi  Kirundo  Muyinga  Karuzi  Gitega  Muramvya  Bururi  Makamba  Rutana  Ruyigi  Cankuso  Buj Rural  Total  % de 1997A
Maïs  4 396  2 612  8 264  10 771  2 712  4 838  2 726  8 188  14 987  16 039  8 063  1 125  277  1 164  3 334  89 496  88
Blé  222  212  196  630  84
Haricots  2 472  1 859  10 209  12 563  3 337  5 522  5 627  9 773  4 530  3 561  4 068  2 987  3 877  4 069  1 229  75 683  82
Pois  793  113  2 364  2 204  1 004  601  1 004  2 392  272  170  85  240  11 251  92
Bananes  39 650  35 056  41 050  57 293  35 180  69 526  13 370  33 578  14 522  21 885  11 007  17 495  28 354  12 715  45 954  476 635  99
Pommes de terre  1 526  3 221  144  603  3 042  1 030  775  230  249  10 820  77
Patates douces  1 069  1 079  29 739  42 343  19 442  11 825  19 106  49 373  32 305  7 773  2 027  11 772  9 735  8 751  3 681  250 020  107
Taro  2 870  4 235  822  2 110  1 588  1 353  1 278  3 355  2 086  1 141  12 348  774  442  484  3 672  38 558  89
Manioc  17 945  18 841  12 500  14 980  10 810  13 761  9 545  26 330  9 945  11 770  8 710  6 119  4 979  2 759  15 900  184 894  104
Igname  877  2 209  176  98  11  603  3 974  100
TOTAL  69 195  63 795  106 696  145 485  74 073  107 426  53 677  135 801  81 901  63 545  47 181  40 522  47 664  30 387  74 613  1 141 961  98
 



 

4. ANALYSE PAR REGION

4.1 Bubanza

L'amélioration des conditions de sécurité a encouragé les populations à rentrer dans leurs exploitations agricoles et permis à celles qui sont restées dans les camps de réinstallation d'avoir davantage accès à la terre, ce qui a donné lieu à une forte augmentation de la superficie ensemencée par rapport à la campagne 1997A. Les organisations humanitaires ont distribué des semences de haricots et de légumes et des houes aux populations affectées mais il y a eu pénurie d'engrais et de pesticides. Les mauvaises conditions météorologiques (des pluies longues à démarrer, puis excessives) et les maladies qui ont affecté les plantains (60 pour cent de la récolte totale bananes/plantains dans la province de Bubanza) et le taro sont à l'origine d'une légère baisse de la production vivrière estimée au cours de la campagne 1998A.

Depuis janvier 1997, les prix des denrées alimentaires sont à la hausse en raison d'une demande soutenue, notamment à Bujumbura.

La situation alimentaire et nutritionnelle est inquiétante, notamment dans les communes de Musigati, Rugazi et Bubanza et pour les populations qui viennent juste de revenir des zones forestières. Le nombre de cas de malnutrition signalés augmente depuis juillet, ce qui reflète également l'accès amélioré des populations aux centres de nutrition.

4.2 Bujumbura Rural

Les troubles constants dans les communes de Muhuta, Kabezi, Kanyosha, Mutambu et Isale ont parfois provoqué des déplacements de populations vers d'autres zones.

La superficie ensemencée au cours de cette campagne a été très proche du niveau enregistré au cours de la campagne 1997A, déjà réduit. La région a connu une grave pénurie de semences de pommes de terre et d'engrais, tandis que le prix élevé du dithane (3 200 FBu/kg) en a découragé l'emploi. Comme ailleurs, les pluies sont arrivées tard et ont ensuite été surabondantes, ce qui a provoqué une incidence élevée de maladies, notamment le mildiou et maladies bactériennes de la pomme de terre. Les perspectives de récolte sont bonnes pour le maïs et les pois à Mugamba et pour les haricots à Mumirwa, mais moins favorables pour les pommes de terre.

Les cours du marché demeurent plus élevés que lors de la campagne 1997A.

Au cours du dernier trimestre de 1997, l'état de santé et de nutrition de la population s'est détérioré, en particulier dans les communes de Muhuta, Bugarama, Mubimbi et Kanyosha. La malnutrition aiguë, accompagnée d'oedèmes liés à des maladies diarrhéiques, a provoqué de nombreux décès.

4.3 Bururi

Les conditions de sécurité se sont détériorées depuis avril 1997 dans les communes de Buyengero, Burambi et Rumonge. Elles sont demeurées relativement bonnes dans les autres communes de la province.

Les organisations humanitaires ont distribué des semences de haricots et de légumes et des houes aux populations affectées. La superficie ensemencée en pommes de terre a reculé par rapport à la campagne 1997A en raison d'une pénurie de semences. Les premières pluies, arrivées avec un mois de retard, ont été extrêmement fortes, ce qui a compromis le rendement pour les pommes de terre, le maïs et les haricots. Les perspectives de récolte pour la campagne 1998A ne sont pas encourageantes et l'on prévoit une production inférieure d'environ 12 pour cent à celle de la première campagne 1997.

Les prix sont à la hausse depuis janvier 1997, les haricots se vendant à 320 FBu/kg en janvier 1998, contre 250 FBu en janvier 1997, tandis qu'un régime de bananes moyen coûte aujourd'hui 1 000 FBu contre 300 il y a un an.

L'état de santé et de nutrition des populations réinstallées et déplacées suscite des inquiétudes.

4.4 Cankuzo

Cette province, qui n'a connu aucune agitation depuis le mois d'octobre 1993, vient tout juste d'accueillir quelque 875 rapatriés en provenance de Tanzanie avec l'aide du HCR.

Des intrants agricoles ont été mis à disposition pour la campagne 1998A et l'appui fourni par des ONG pour la propagation de semences de pommes de terre a permis d'accroître la superficie ensemencée. Les pluies tardives et excessives ont endommagé les récoltes de la campagne 1998A, notamment la récolte de haricots.

Le commerce transfrontalier avec la Tanzanie a entraîné une hausse des prix de certaines denrées (bananes).

Les autorités médicales de la province jugent normal l'état de santé et de nutrition de la population, même si l'on signale quelques cas isolés de malnutrition.

4.5 Cibitoké

Les conditions de sécurité se sont nettement améliorées depuis la campagne de 1997A, même si l'on signale encore des troubles dans les communes de Mabayi (district de Buhoro), Buganda (un quartier de Mumirwa) et Murwi (district de Buhindo). De nombreuses personnes déplacées et dispersées sont rentrées dans leurs propriétés agricoles dans les communes où la situation est calme.

Le retour au calme dans une bonne partie de la province et la distribution par les organisations humanitaires de semences et d'outils agricoles aux populations affectées sont à l'origine d'une légère augmentation de la production vivrière au cours de la campagne 1998A.

Au cours des derniers mois, l'amélioration des conditions de sécurité, la disponibilité des semences et la fréquentation des centres de nutrition ont eu de façon générale un effet bénéfique sur la situation nutritionnelle.

4.6 Gitega

La stabilité retrouvée dans toutes les communes de la province a encouragé de nombreuses personnes déplacées et réfugiées à rentrer dans leurs communes au début de la campagne 1998A.

Des semences de haricots et de légumes et des outils agricoles (4 500 houes) ont été distribués par les organisations humanitaires aux populations affectées. Les pluies tardives, puis excessives à compter de la mi-octobre 1997 ont provoqué des inondations dans les zones marécageuses. La production prévue pour la campagne 1998A sera légèrement inférieure à la première campagne de 1997, à en juger par les rapports faisant état d'un faible rendement pour les légumineuses (haricots), le taro et les pommes de terre.

4.7 Karuzi

Les conditions de sécurité se sont stabilisées dans l'ensemble de la province en 1997, ce qui a permis à 65 pour cent de la population des camps de regagner les exploitations agricoles. Même les populations qui restent dans les camps ont un meilleur accès à leurs terres. Les habitants des camps ont reçu des semences de haricots et de légumes et des houes qui leur ont été remises par les organisations humanitaires.

Les conditions météorologiques ont été défavorables pour les récoltes de la campagne 1998A, en particulier pour les haricots et les pommes de terre. Les pluies tardives, puis excessives ont endommagé les cultures, notamment celles des terres marécageuses et les récoltes de légumineuses à flanc de colline.

Le cheptel de la province de Karuzi a subi de lourdes pertes. Un programme de reconstitution des troupeaux vient tout juste d'être lancé avec l'appui de la FAO et du PNUD. Cinq étangs d'élevage ont également été remis en état.

La baisse de la production de haricots et la forte demande extérieure pour les denrées alimentaires ont provoqué une hausse des prix: 1 kg de haricots coûtait 130 FBu en janvier 1997 et 250 FBu en janvier 1998.

Le nombre de cas de malnutrition signalés dans les centres de nutrition ainsi que le nombre de décès imputables à la malnutrition ont augmenté en septembre 1997 puis au cours de la période décembre 1997 - janvier 1998. La plupart des cas se sont produits dans le nord de la province, où règne l'insécurité, mais le nombre de cas dans le sud (où il n'y a pas de camps) a récemment augmenté. On peut en conclure que la malnutrition est à la hausse dans l'ensemble de la population et non seulement chez les personnes qui vivent dans des camps.

4.8 Kayanza

L'amélioration des conditions de sécurité dans l'ensemble de la province, à l'exception des zones situées à proximité de Kibira (Muruta, Matongo et Kabarore), a permis à quelque 100 000 personnes de rentrer dans leurs propriétés agricoles de Butanganzwa et de Rango en novembre dernier.

La superficie ensemencée est d'environ 15 pour cent supérieure à celle de la campagne 1997A, notamment pour les récoltes utilisées pendant la période de soudure (patates douces, manioc). La FAO et d'autres organismes d'aide ont fourni un appui aux opérations de multiplication des semences, qui sont ensuite distribuées aux groupes vulnérables. Les pluies ont été tardives puis très fortes, ce qui a entraîné des retards dans les semis et d'importantes infestations de parasites. Sous le double effet des précipitations abondantes et des maladies, les récoltes seront de 20 pour cent inférieures à celles de l'année précédente.

En raison d'une forte demande extérieure, notamment du Rwanda voisin, les prix ont grimpé en flèche. Les prix des haricots ont, par exemple, augmenté de 130 à 300 FBu/kg entre janvier 1997 et janvier 1998, ceux du riz de 220 à 400 FBu et ceux de la farine de manioc de 90 à 180 FBu.

Avec le retour des populations qui ont longtemps vécu cachées dans les forêts, les centres de nutrition signalent des cas de plus en plus nombreux d'adultes et d'enfants souffrant de malnutrition.

4.9 Kirundo

Cette province est l'une des principales régions productrices de haricots, de sorgho et de maïs. Des conditions de sécurité satisfaisantes ont facilité les opérations agricoles et ont permis aux populations déplacées dans les camps d'ensemencer une superficie plus importante. Entre avril et septembre 1997, 10 000 personnes ont été rapatriées du Rwanda, de la Tanzanie et de la République démocratique du Congo.

La superficie ensemencée au cours de la campagne 1998A est nettement plus importante qu'au cours de la campagne 1997A marquée par une grave sécheresse. Par rapport aux deux années précédentes, les pluies sont arrivées à temps mais elles ont été par la suite très fortes et ont duré jusqu'en janvier, provoquant des inondations dans les terres marécageuses, détruisant la récolte de haricots et retardant le repiquage du riz. Les communes de Busoni, Gitobe, Bwambarangwe et Ntega ont été particulièrement touchées. Dans les communes de Kirundu et de Ntega, les bananeraies ont également été endommagés par les vents violents qui ont précédé les premières pluies. La récolte totale pour la campagne 1998A sera d'après les estimations de 10 pour cent supérieure à celle de la première campagne 1997.

La reconstitution du cheptel a fait de bons progrès à l'échelon des exploitations agricoles.

S'agissant des cours sur les marchés, le prix des haricots sont tombés de 300 FBu en décembre à 180 FBu en février 1998, mais sont donc encore supérieurs aux cours de 160 FBu enregistrés pour la campagne 1997A.

L'état de santé et de nutrition de la population n'est pas inquiétant, même si l'on signale quelques cas isolés de malnutrition chez les personnes déplacées et les rapatriés.

4.10 Makamba

Les conditions de sécurité sont bonnes, sauf dans la commune de Nyanza Lac et dans une partie de la commune de Vugizo. Cinquante pour cent de la population a pu effectuer des semis pour la campagne 1998A.

La région a connu des problèmes d'approvisionnement en intrants agricoles, notamment les semences de pommes de terre et le dithane. Les fortes pluies de novembre et décembre ont également endommagé les cultures de haricots, de pommes de terres et de maïs et la récolte de la campagne 1998A sera de 3 pour cent inférieure à celle de la campagne 1997A.

Les prix des denrées alimentaires ont connu en janvier 1998 une forte augmentation (les prix de certaines denrées ont triplé) par rapport au niveau de janvier 1997.

L'état de santé et de nutrition est de toute évidence en train de se détériorer chez les populations affectées, où l'on observe une recrudescence des cas de dysenterie bacillaire (à Nyanza Lac et Vugizo) et de typhus (Vugizo).

4.11 Muramvya

Malgré certains problèmes isolés de sécurité dans les communes bordant la forêt de Kibira (Bukeye et Muramvya), les conditions de sécurité dans la province de Muramvya se sont nettement améliorées depuis la première campagne 1997, ce qui a permis aux populations regroupées de rentrer dans leurs propriétés agricoles et aux populations déplacées d'avoir plus facilement accès à leurs terres. Les organisations humanitaires ont distribué des intrants agricoles aux populations affectées. Les activités agricoles ont été compromises par les conditions météorologiques défavorables: les pluies sont arrivées avec un mois de retard, puis ont été trop fortes au cours des mois d'octobre et de novembre et se sont poursuivies jusqu'en février 1998. Cet excès de pluviométrie a endommagé les récoltes de pommes de terre, de légumineuses et de maïs. La production de la campagne 1998A sera d'environ 4 pour cent inférieure à celle de la campagne 1997A.

Les prix des denrées alimentaires sont très élevés, le kilo de haricots coûtant aujourd'hui 320 FBu contre 220 en janvier 1997, essentiellement en raison d'une forte demande extérieure.

La situation nutritionnelle dans la province est inquiétante. Une étude anthropométrique réalisée en novembre 1997 dans le sud de la province (la zone la moins affectée par la crise et où il n'existe aucun camp) a mis en évidence un taux élevé de malnutrition aiguë.

4.12 Muyinga

Les conditions de sécurité sont demeurées favorables tout au long de la période végétative de la campagne 1998A. Les activités agricoles se sont déroulées dans des conditions normales. Les personnes déplacées habitant dans les camps ont pu cultiver leurs propres champs et ont reçu une aide des organisations humanitaires.

Il y a eu pénurie généralisée d'intrants, notamment de semences de pommes de terre et de haricots. La superficie ensemencée est de 5 pour cent supérieure à celle de 1997A, principalement en raison de l'amélioration des conditions de sécurité. Les pluies ont commencé en septembre, puis ont été suivies d'une brève période de sécheresse qui a duré jusqu'au début du mois d'octobre. Par la suite, les pluies, largement distribuées, ont été abondantes et ont provoqué des inondations et des dommages considérables à la récolte de haricots à Giteranyo et Gasorwe. Les récoltes de la campagne 1998A sont en baisse d'environ 8 pour cent.

Les cours sur les marchés ont généralement baissé entre décembre et janvier 1998, mais sont encore supérieurs aux prix de janvier 1997.

Les conditions de santé et de nutrition sont normales, mis à part quelques cas isolés de dysenterie et de kwashiorkor dans certains camps pour personnes déplacées.

4.13 Ngozi

Au cours de cette campagne agricole, les conditions de sécurité ont été favorables dans l'ensemble de la province, ce qui a permis aux agriculteurs de reprendre leurs activités.

La superficie ensemencée est plus importante qu'au cours de la campagne 1997A, mais n'en a pas moins été limitée par la pénurie de semences (notamment semences de pommes de terre). Les pluies également réparties à la mi-octobre ont été suivies par des pluies torrentielles et des vents violents, de la grêle et des inondations qui ont occasionné des dommages graves dans les zones marécageuses. Les récoltes de haricots (-30 pour cent) et de maïs (-20 pour cent) et les pépinières de riz ont été particulièrement touchées par les inondations. Les récoltes seront donc d'environ 20 pour cent inférieures à celles de la première campagne 1997.

Les prix des denrées alimentaires sont élevés, les haricots se vendant à 300 FBu/kg contre 200 FBu pendant la campagne 1997A, les bananes à 1 500 FBu le régime contre 800 FBu et les patates douces à 80 FBu/kg contre 60 FBu.

L'état de santé et de nutrition des populations, quoique précaire, est relativement stable.

4.14 Rutana

Au cours de la campagne 1998A, les conditions de sécurité ont été satisfaisantes et les agriculteurs ont pu exploiter leurs terres dans des conditions normales.

La superficie ensemencée pendant cette première campagne 1998A était légèrement en hausse par rapport à la campagne 1997A, mais l'expansion a été limitée par une pénurie d'intrants. La récolte de la campagne 1998A s'annonce donc supérieure à celle de la campagne 1997A, à l'exception de la production de pommes de terre (flétrissure bactérienne).

Si l'arrivée tardive des pluies a quelque peu perturbé le calendrier de la campagne, les activités agricoles ont été nettement plus déréglées par la violence des précipitations qui ont par la suite endommagé les récoltes de haricots, de pommes de terre et de maïs, en particulier dans les communes de Buyogoma (Rutana, Musongati, Mpinga-Kayove et Gitanga). Par contre, la région de Mosso n'a pas été affectée par les pluies torrentielles en raison de ses sols plus sablonneux.

Les prix des denrées alimentaires étaient nettement plus élevés en janvier 1998 que l'année précédente.

L'état de santé et de nutrition de la population semble être stable.

4.15 Ruyigi

Les conditions de sécurité étaient satisfaisantes dans l'ensemble de la province pendant toute l'année 1997, comme en témoigne l'arrivée de quelque 38 000 rapatriés à partir de février 1997 et le retour progressif des personnes déplacées dans leurs maisons des collines.

Les conditions climatiques et phytosanitaires au cours de la campagne 1998A n'ont pas favorisé une bonne croissance végétative. Les pluies tardives, puis excessives, ont exposé les cultures aux maladies, les dommages infligés au maïs par le virus de la bigarrure, à la patate douce par la chenille défoliante et aux bananes par la fusariose du bananier ayant été particulièrement lourds. La superficie ensemencée a été beaucoup plus importante qu'au cours de la campagne 1997A en raison de l'afflux de rapatriés et de personnes déplacées de retour, mais la production devrait être d'environ 4 pour cent à la baisse en raison des maladies et des pluies surabondantes.

Les sorties en quantité importante de denrées de base (haricots, bananes, patates douces, maïs, manioc sec et arachides) vers d'autres provinces, voire vers des pays voisins, a provoqué une hausse des prix sur les marchés: les prix de la banane, du taro et des pommes de terre ont doublé depuis janvier 1997.
 



 

5. ANALYSE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE PRODUITS ALIMENTAIRES

5.1 Prix et disponibilités alimentaires

Les prix des denrées alimentaires ont nettement augmenté au cours du deuxième semestre de 1997 et leur niveau de janvier 1998 était nettement plus élevé que celui de janvier 1997. Les prix des pommes de terre ont enregistré une hausse particulièrement forte, en particulier sur le marché central de Bujumbura, puisqu'ils sont passés de 122 FBu/kg en janvier 1997 à 265 FBu/kg en janvier 1998, soit une hausse de 117 pour cent. Ces hausses de prix sont nettement supérieures au taux d'inflation pour le pays en 1997, estimé à 31 pour cent. Les prix varient considérablement d'une préfecture à l'autre, ce qui traduit l'absence d'intégration des marchés, problème auquel viennent s'ajouter les conditions d'insécurité persistantes dans plusieurs régions du pays ainsi que le mauvais état des routes à la suite des fortes pluies enregistrées au cours de cette campagne. Le graphique ci-dessous donne une idée claire des hausses de prix exceptionnelles par rapport à l'an dernier et depuis juillet 1996, avant l'entrée en vigueur de l'embargo. Les prix des denrées alimentaires ont connu un léger fléchissement à la fin de janvier 1998, après la récolte de la campagne A, mais cette baisse sera probablement de courte durée.

Ces prix élevés sont le produit de plusieurs facteurs: une forte demande des pays voisins, de mauvaises récoltes au cours des deux dernières campagnes (1997C et 1998A) et le faible niveau des importations imputable à l'embargo économique.

Les approvisionnements alimentaires sont devenus insuffisants au cours du deuxième semestre de 1997, malgré une amélioration de la production de la campagne B, récoltée en juillet 1997. Cette situation s'explique par les exportations alimentaires vers des pays voisins, notamment le Rwanda, encouragées par la dévaluation du franc burundais.

La production de la campagne secondaire 1997C, récoltée en septembre/octobre, a été fortement diminuée par les pluies torrentielles, ce qui a prolongé la période de soudure. Ces pluies exceptionnelles ont également compromis la production de la campagne 1998A pour les haricots et le maïs, les principales cultures de cette campagne, aggravant ainsi la situation des disponibilités alimentaires, déjà précaire.

Si l'embargo économique a été quelque peu assoupli, la situation est loin d'être revenue à la normale et tous les secteurs de l'économie ont connu des dérèglements.

Pour tenter d'enrayer la hausse des prix des denrées alimentaires, le Gouvernement a récemment adopté certaines mesures: autorisation préalable pour les exportations de riz, maïs, haricots, manioc et farine de manioc et suspension des droits d'importation pour ces denrées.

En raison de cette escalade des prix, la majeure partie de la population n'est plus aujourd'hui en mesure de se procurer une quantité suffisante de denrées alimentaires. La situation alimentaire, déjà précaire depuis 1994, sous l'effet conjugué de la crise politique, de l'embargo et des intempéries, s'est donc encore détériorée. Les groupes les plus vulnérables comprennent: i) les personnes rentrées depuis peu dans leurs exploitations agricoles (en provenance de camps de regroupement, d'autres pays et des forêts) et qui n'ont pu produire de récolte pour la campagne 1998A; ii) les populations affectées par les conditions d'insécurité, en particulier dans la région de Mumirwa, qui comprend part des provinces de Bubanza, Cibitoké, Bururi et Bujumbura Rural; iii) les personnes vivant encore dans des camps et sans accès à la terre; iv) les groupes les plus démunis, par manque de ressources et de possibilités d'emploi. La situation nutritionnelle de ces groupes continue d'être préoccupante.
 

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5.2 Analyse de l'offre et de la demande de produits alimentaires, janvier-décembre 1998

Le tableau 5 indique la situation prévue de l'offre et de la demande en 1998 pour les céréales, les légumineuses, les plantes racines, les tubercules et les bananes. Il s'agit d'une estimation provisoire faite sous réserve des résultats des récoltes des campagnes B et C qui auront lieu, respectivement, en juin et septembre 1998.

La production alimentaire totale en 1998 devrait, d'après les estimations, s'élever à 3 587 000 tonnes - soit 91 pour cent de la production annuelle moyenne pour la période 1988-1993 - dont 291 000 tonnes de céréales, 296 000 tonnes de légumineuses, 1 459 000 tonnes de racines et tubercules, et 1 541 000 tonnes de bananes.

En raison des mauvaises récoltes des campagnes précédentes, de l'insécurité et de l'embargo, les stocks alimentaires dans le pays sont jugés négligeables. Les stocks d'aide alimentaire ont également fortement diminué. En effet, les dommages importants causés par les inondations aux infrastructures en Tanzanie et au Kenya ont occasionné des problèmes de transport qui ont réduit les importations à un niveau minimal.

Les besoins alimentaires ont été évalués en fonction d'une population de 6 283 700 habitants à la mi-1998 et d'une consommation moyenne per capita de 47 kg de céréales, 52 kg de légumineuses, 230 kg de racines et tubercules et de 167 kg de bananes et plantain. Les besoins en céréales et en légumineuses sont calculés sur la base de la consommation apparente pour la période 1994-1996 et sont de 6 pour cent environ inférieurs à la consommation de la période antérieure à la crise.

Les estimations des pertes post-récolte, des besoins pour l'alimentation animale, des semences et autres usages s'appuient sur les calculs réalisés par les projets de la FAO dans le pays. Dans le cas des légumineuses et des céréales, ces autres emplois représentent respectivement 18 et 13 pour cent de la production totale. Dans le cas des racines et des tubercules et des bananes, environ 10 pour cent de la production totale est destinée à des utilisations non alimentaires.

Le déficit alimentaire, calculé à partir de cette analyse prévisionnelle de l'offre et de la demande, devrait se chiffrer à 118 000 tonnes de céréales et légumineuses, 132 000 tonnes de racines et tubercules et 154 000 tonnes de bananes et plantain. Pour calculer les besoins en aide alimentaire, le déficit en racines et tubercules a été converti en céréales, les racines et tubercules n'étant pas disponibles sous forme d'aide alimentaire; en outre, leur importation est coûteuse, puisqu'il s'agit de produits volumineux et périssables sous forme brute. Plus des deux tiers des bananes produites sont consommés sous forme de bière de bananes et il est donc difficile de les remplacer par des céréales dans l'assortiment alimentaire des ménages. Toutefois, le petit pourcentage de bananes consommées cuites ou sous forme de fruit - avec une teneur en calories plus élevée - a été converti en équivalent céréales. En procédant à la conversion des déficits en racines, tubercules et bananes, la mission a jugé peu probable que les consommateurs remplacent totalement ces produits par des céréales et a estimé que d'autres denrées alimentaires seraient utilisées pour compenser une partie de ce déficit. Elle n'a donc converti que 50 pour cent du déficit en équivalent céréales, qui est ensuite pris en compte dans l'estimation des besoins d'aide alimentaire.

Suite aux mesures prises par le Gouvernement pour les importations (élimination des droits d'importation), il est prévu que les importations alimentaires seront plus importantes qu'en 1997, même si la dévaluation du franc burundais risque de limiter la demande effective. Les importations commerciales ont été estimées à 50 000 tonnes de céréales et légumineuses, soit un niveau légèrement inférieur à la période préembargo. De petites quantités de tubercules et de bananes ont également été prises en compte.

Après déduction des importations commerciales, les besoins totaux d'aide alimentaire pour 1998 s'élèvent à 85 000 tonnes d'équivalent céréales, dont 60 000 tonnes seront couvertes par l'aide alimentaire d'urgence distribuée par le PAM aux segments les plus vulnérables de la population. Plus de la moitié de cette aide alimentaire sera distribuée au cours du deuxième semestre, compte tenu des difficultés de transport des denrées alimentaires par la route à partir de la Tanzanie. Une fois cette contribution effectuée, il restera encore un déficit de 25 000 tonnes de céréales et légumineuses pour 1998. Il convient de souligner que ces chiffres présupposent une production satisfaisante pour les campagnes 1998 B et C et que le déficit sera plus important si les conditions de sécurité se dégradent ou si les conditions météorologiques sont défavorables au cours de ces deux campagnes.
 

Tableau 5 - Burundi: bilan alimentaire, janvier-décembre 1998 - Population au 1/07/98: 6 283 700
 
Céréales et 
légumineuses 1/
 
Racines 
et tubercules
 
Bananes 
et plantains
Disponibilités intérieures - 1998  587  1 459  1 541
Production campagne A  177  488  477
Production campagne B (prévisions)  369  744  662
Production campagne C (prévisions)  41  227  402
Utilisation totale  705  1 591  1 580
Utilisation alimentaire  622  1 445  1 426
Semences, alimentation animale et autres usages  83  146  154
Besoins d’importations  118  132  39
En équivalent céréales  118  20  1
Importations commerciales 2 50  1
Besoins d’aide alimentaire  68  17  -
Aide alimentaire totale, dont  85 
- promesses de contribution  60 
- déficit non couvert  25 
   


5.3 Aide alimentaire d'urgence

Le PAM demeure le plus important fournisseur d’aide alimentaire au Burundi. L’assistance alimentaire est présentement fournie à travers des programmes divers, notamment: aide d’urgence aux populations déplacées par les conflits ou l’insécurité; paquets retour pour les personnes déplacées et les rapatriés retournant sur leurs collines d’origine; programmes nutritionnels pour les malnourris et autres groupes vulnérables; ainsi que des programmes de réhabilitation (travail contre vivres).

Pendant le dernier semestre de 1997, la plus grande partie de l’assistance du PAM fut dirigée vers les populations regroupées à l’accès limité ou insignifiant à la terre, et dont les chiffres ont atteint jusqu’à 280,000 pendant cette période. Ces populations sont retenues éligibles à bénéficier de l’assistance du PAM lorsqu’il apparaît que leurs stratégies de survie sont épuisées, et qu’elles dépendent donc des assistances alimentaires pour leur survie. Les besoins en assistance alimentaire sont déterminés sur la base d’évaluations de l’économie alimentaire des ménages, qui sont régulièrement entreprises par des équipes spécialisées du PAM en utilisant la méthodologie mise au point par l’organisation "Save the Children Fund (SCF-UK)".

De septembre 97 à janvier 98, les camps de regroupement de Kayanza, Muramvya et Karuzi furent démantelés en presque totalité. Le PAM a fournit des paquets retour de 90 jours à ceux se réinstallant en provinces de Kayanza et Muramvya, et planifie de commencer très bientôt des distributions de paquets similaires à Karuzi . De plus, bien qu’il n’y ait pratiquement plus de réfugiés au Burundi, pendant la seconde moitié de 1997 le PAM a fournit de l’assistance aux rapatriés burundais rentrant de Tanzanie, du Congo et du Rwanda, sous forme de rations de transit et de paquets retour. Le HCR estime le nombre de refugiés rentrés à quelques 24,600 pendant cette seule période.

Afin de contrer la malnutrition en hausse dans plusieurs régions du pays, le PAM a continué, en coordination avec l’UNICEF, à soutenir les ONGs en fournissant les rations alimentaires nécessaires aux centres nutritionels. En moyenne, environ 25,000 personnes, principalement des enfants, ont bénéficié mensuellement de cette aide pendant la seconde moitié de 1997. Le PAM a aussi fournit son soutien à quelques 8,000 personnes vulnérables par mois à travers le pays grâce à des partenaires et institutions nationaux.

Bien que les conditions de sécurité ont fait que la majorité de l’assistance du PAM ait été canalisée via son programme d’urgence, le PAM a aussi apporté son soutien à des activités de réhabilitation dans des régions sécurisées grâce au programme de travail contre vivres, et ce, pour une moyenne de 18,000 bénéficiaires directs pendant cette période, la plupart étant des femmes. Ces activités visent la promotion de la réhabilitation rurale et les activités génératrices de revenu. De plus, afin de stimuler la production agricole, le PAM, en coordination avec la FAO, a participé au programme national de distribution de semences en fournissant soutien logistique, équipes de distribution, et rations de protection de semences. De juillet à décembre, près de 900 tonnes de semences de haricot furent distribuées par le PAM, en parallèle à des rations alimentaires de protection d’une durée de 15 jours. En février 1998, un programme similaire est entamé et couvrira six provinces du pays.

Le tableau suivant indique les quantités livrées par le PAM de juillet à décembre 1997 à travers le pays:
 

Tableau 6 - Burundi: programmes du PAM
 
Produit  Quantités (en tonnes)
Céréales  11 818
Légumineuses  4 782
Huiles  1 140
Mélange maïs-soja  1 178
Sel  185
Sucre  784
Lait écrémé en poudre  106
TOTAL  19 993
 

Ainsi, l’assistance fournie par les programmes du PAM atteignait une moyenne mensuelle d’environ 3,300 tonnes métriques pendant le dernier semestre de 1997. Les distributions sont demeurées en deça des besoins planifiés pendant cette période principalement à cause de l’accès limité à certaines régions non sécurisées.

Le programme du PAM en 1998 devrait être similaire à celui de l’année 97, avec l’assistance fournie selon des évaluations régulières et continuelles des besoins au niveau des ménages. Plus particulièrement, pendant la première moitié de 1998, une proportion importante de l’assistance devrait être dirigée vers les sinistrés (quelques 100,000 sont estimés en besoin d’assistance, la plupart en provinces de Bubanza et Cibitoke) et autres victimes du conflit (estimation de quelques 75,000 déplacés ponctuels). Le PAM est aussi prêt à répondre, avec des paquets retour, aux besoins des rapatriés de Tanzanie et autres populations regroupées ou sinistrées retournant sur leur colline d’origine.

Il est vraisemblable que les Burundais pourront, pour contrer les effets négatifs de la récolte réduite en saison 98A (chute de 2% par rapport a celle de 97A et de 20% de la moyenne 1988-93), compter sur divers mécanismes de survie. Ceux-ci incluent la production des récoltes de rentes (thé, café, arachides, fruits et légumes), élevage de petit bétail et travail journalier. Malgré cela, le PAM continuera, au fur et à mesure que la saison progressera, à suivre et évaluer les effets de la production réduite grâce à ses évaluations et à ses contacts avec le gouvernement, les ONGs et autres agences des Nations Unies. Des missions d’évaluation des besoins seront entreprises là où le PAM aura été alerté de problèmes potentiels aux stratégies de survie; là où celles-ci seront confirmées épuisées ou insuffisantes, une assistance d’urgence sera fournie à partir des ressources disponibles au sein de l’opération d’urgence régionale.

Le programme de 1998 s’élève a environ 60,000 tm pour l’année. Malheureusement, le niveau de ce programme d’assistance a dû être dramatiquement réduit à moins de 2,000 tonnes métriques par mois, et ce vraisemblablement jusqu’à la fin février 1998, faisant face à des problèmes sérieux d’ordre logistique décrits ci-dessous. Bien qu’une augmentation des livraisons soit espérée à la mi-mars, il ne semble pas vraisemblable que le Burundi reçoive plus de 3,000 tonnes métriques par mois pour les prochains quatre mois. En vue du niveau extrêmement réduit des stocks disponibles au pays, une liste des priorités visant à cibler les populations les plus nécessiteuses devient un impératif encore plus réel. Cependant, à partir de juillet 1998, les livraisons de nourriture devraient pouvoir atteindre le niveau mensuel des besoins anticipés.

5.4 Logistique

L’opération logistique du PAM est mise en oeuvre dans le cadre de la structure régionale qui repose, dans sa globalité, sur un approvisionnement en provenance de Dar-es-Salam. La route principale d’approvisionnement en 1997 fut l’axe routier Isaka-Ngozi, étant donné la nature sporadique des opérations lacustres par barges entre Kigoma et Bujumbura. Malgré l’embargo économique imposé au Burundi, les importations alimentaires du PAM n’ont pas été restreintes en 97. Le PAM a importé en moyenne 3,000 tonnes métriques par mois, avec un sommet de 4,000 tm en octobre.

Malheureusement, les récentes inondations en Tanzanie ont très sérieusement affecté les capacités d’approvisionnement par route et par train depuis Dar-es-Salaam et effectivement coupé les livraisons de nourriture au Burundi en décembre 97. Pour janvier et février cependant , le PAM Burundi a reçu quelques 3,000 tonnes venant de l’Ouganda et du Rwanda. Ce rythme devrait pouvoir être maintenu pendant les quatre mois à venir par la structure logistique régionale du PAM. De ces 3,000 tonnes mensuelles, 2,000 t sont attendues via le corridor nord (Kampala-Kigali) et 1,000 t via le corridor sud (Isaka/Tanzanie ou Mpulungu/Zambia). Bien qu’il soit permis d’espérer que les livraisons de nourriture puissent atteindre 5,000 tm par mois à partir de juillet 1998, ceci dépendra de l’évolution des conditions climatiques en Tanzanie et dans la région, et qui auront un impact direct sur la capacité logistique du PAM.

5.5 Situation nutritionnelle

La malnutrition a été aggravée par la crise sociopolitique qui secoue le pays depuis octobre 1993.

Le nombre de patients dans les Centres nutritionnels thérapeutiques et dans les Centres nutritionnels et sanitaires souffrant de kwashiorkor et de marasme nutritionnel augmente et le taux de mortalité est élevé. Le pourcentage élevé d'adultes parmi les cas de malnutrition reflète la gravité de l'état d'insécurité alimentaire de certains groupes de population. La malnutrition a tendance à se diffuser à la fois chez les habitants des camps et dans les populations qui sont restées dans les zones des collines et qui n'ont pas été touchées par les troubles civils.

La situation présente toutefois des différences d'une région à l'autre. La malnutrition demeure au niveau d'avant la crise dans certaines provinces mais elle est élevée dans les provinces les plus touchées par les combats. Compte tenu du calendrier agricole, on ne peut s'attendre à une amélioration rapide dans les provinces de Kayanza, Karuzi, Muramvya, Bubanza et Bujumbura Rural. La période de soudure, de mars à mai 1998, sera probablement particulièrement difficile compte tenu du faible niveau de production pour la campagne 1998A.

Il est encore impossible de porter un diagnostic fiable sur la gravité de la situation. La mission a dû se fier à des données recueillies par des sources bien informées, notamment les médecins provinciaux, les conseillers des autorités locales, le personnel des ONG et les directeurs d'hôpitaux. L'analyse des taux de fréquentation des centres nutritionnels a également été utilisée par la mission pour établir les caractéristiques de la population touchée (zone d'origine des personnes souffrant de malnutrition grave) et pour juger de l'évolution de la situation. De toute évidence, la fréquentation des centres nutritionnels n'est pas uniquement fonction de l'incidence de la malnutrition en soi, mais également de la facilité d'accès (distance et conditions de sécurité) et de la qualité des services offerts. Les renseignements ainsi recueillis ont donc été corroborés par des entrevues avec des particuliers et des représentants des institutions pertinentes. Le Gouvernement du Burundi n'a pas encore procédé à une évaluation nationale de la malnutrition. Toutefois, tout semble indiquer que la situation nutritionnelle du pays se détériore.
 
 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour un complément d'information à:. 
Abdur Rashid 
Chef, SMIAR, FAO 
Télex 610181 FAO 1 
Télécopie: 0039-6-5705-4495 
Mél:[email protected] 
Ismat Fahmi 
Chef de Section, OSA/2, PAM 
Télex: 626675 WFP 1 
Télécopie: 0039-6-6513-2839 
Mél:[email protected]
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